Prendre conscience des enjeux vitaux de notre époque et décider de prendre part à une bifurcation

«  Le monde se fait rêve, et rêver devient monde »

Belle vision de la création du poète allemand Novalis.
Elle a tout pour nous inspirer et inciter chacun de nous à apporter sa contribution positive à l’éclosion d’une nouvelle ère géopolitique plus respectueuse des éco-systèmes et de fait plus humaine.

Générer et réguler des outils numériques et des réseaux sociaux valorisant les activités citoyennes

Alors que les vagues de fond successives de la révolution numérique (réseaux sociaux, data, machine learning d’IA, objets connectés, robots, voitures autonomes, …) bouleversent et asservissent tous nos modes de pensées et d’actions, et ce pas toujours pour notre bien-être psychique ni notre sens critique.
Il devient crucial que nous en reprenions le contrôle en tant que citoyen et de nous en servir pour le bien commun, tel en Hollande et en Finlande : Amsterdam and Helsinki become first cities to launch AI registers explaining how they use algorithms

En effet, l’automatisation de l’archivage des données et leur traitement à vitesse exponentielle par les algorithmes de l’Intelligence Artificielle changent complètement la donne des relations clients vs fournisseurs, via par exemple les applications mobiles (ex: Open Food Facts, Yuka, Claire), la blockchain (ex : Walmart, Carrefour, Connecting Foods), le RFID : « just walk out technology » Amazon et WholeFoodsMarket : la révolution dans l’alimentaire , …), les plateformes collaboratives (Uber, Airbnb, Blablacar, Open Class Rooms, AMAP, …) .

L’aspect positif de cette révolution est qu’indéniablement ces outils numériques bien paramétrés et encadrés par de strictes règles juridiques sont en mesure de nous informer de mieux en mieux en tant que consommateurs et en conséquence de nous permettre de devenir beaucoup lucides et exigeants dans tous nos actes d’achat.

Sur la base de données certifiées nous pouvons désormais comparer objectivement les différents produits/services proposés et choisir ceux qui offrent plus de transparence sur leur ratio Qualité/coûts (lois de lutte anti-fraude et anti-corruption (loi Sapin 2 du 9 déc 2016)), une meilleure traçabilité des produits, le respect des salariés et des normes environnementales, des productions responsables et locales, des commerces de proximité, limitation de nos importations délétères (ex: soja et déforestation), …


Prendre pleinement conscience des impacts de nos activités humaines sur les éco-systèmes et le dérèglement du climat

Dans ce monde où nos approvisionnements en énergie (1) et en matières 1ères atteignent d’incontournables limites physiques, et où les répercussions nocives de nos modes de consommation effrénés depuis plus de 50 ans sont chaque jour de plus en plus visibles et récurrentes sur :
– l’environnement (pollutions plastique, pesticides, herbicides, eutrophisation des cours d’eaux liée aux engrais, disparition de la biodiversité, baisse des rendements agricoles, émergence de nouveaux virus type coronavirus ou pire encore, … )
– et le climat irrémédiablement en plein dérèglement sous l’effet avéré de nos émissions incontrôlées de gaz à effet de serre (2).
Ainsi en juillet 2020, en arctique l’extension de la banquise (soit au moins 15% de la surface de l’eau englacée) a diminué au rythme de 146 000 km² par jour, presque deux fois plus vite que la moyenne de cette période de l’année mesurée entre 1981 et 2010 (3).
Et les incendies qui ont ravagé en août 2020 la région de San Francisco sont considérées comme les plus graves de l’histoire de la Californie.

Au nord de San Francisco, une partie des incendies actifs vue par le satellite
Sentinel-2 le 20 août 2020. Composition colorée utilisant la bande SWIR (infrarouge à onde courte) et mettant en évidence les feux actifs.

Crédit image : ESA / Copernicus / Commission européenne

Dans ce monde si fragile, il est crucial de rêver pour faire naître une nouvelle rationalité économique (4) et aussi de nouvelles politiques industrielle, scientifique et sociale pour bifurquer vers un nouveau monde plus respectueux des éco-systèmes du vivant, dont l’espèce humaine fait partie et sans lesquels sa propre subsistance est en jeu.

Eco-conception – cycle de vie


Les entreprises Contributives (à Mission – Raison d’être) sont essentielles pour transformer notre société de consommation vers un modèle plus vertueux

Dans ce monde en pleine métamorphose, il est évident que les entreprises sont devenues des acteurs fondamentaux de nos sociétés, tant par la croissance économique et sociale qu’elles peuvent amener que par les impacts négatifs (pollutions, inégalités…) qu’elles peuvent induire.
Elles ont donc un rôle essentiel à tenir pour transformer notre société de consommation vers un modèle plus sobre et plus vertueux.
En donnant du sens à leurs activités, en établissant leur raison d’être et en s’engageant en matière de responsabilité sociale et environnementale, les 1ères « entreprises à mission » (loi Pacte du 22 mai 2019) gagnent déjà progressivement en avantages compétitifs majeurs sur le marché des talents comme sur celui des biens et des services (5).

En effet, l’établissement d’une mission invite les dirigeants, dans leurs relations avec les actionnaires et les parties prenantes, à une prise de conscience plus large de leur action, des énergies à libérer et des partenaires à prendre en compte.
La mission est une vigoureuse incitation à projeter les valeurs sociales, environnementales et d’innovation dans un monde plus responsable et riche de sens. (Impact Positif – Interview Pascal Demurger 17/11/20)

Ce plaidoyer peut paraître « idéaliste », mais il ne l’est en rien. La société à mission permet de sortir du paradoxe de la vertu contre-productive et vulnérabilisante. Elle offre un schéma de gouvernance alternatif et cohérent qui soutient le dirigeant en réorganisant ses relations avec les actionnaires et les parties prenantes (6).
D’ailleurs le monde de la Finance commence aussi à en prendre largement conscience tel Klaus Schwab qui s’interrogeait le 05 septembre 2019 World Economic Forum à Cape Town sur « What Kind of Capitalism Do We Want? » et qui prône un nouveau capitalisme de parties prenantes (Stakeholders).

World Economic Forum, Capetown Septembre 2019


Réinventer urgemment notre rapport au Monde par des changements visibles et concrets dans nos activités quotidiennes

Dans cette nouvelle époque qui s’ouvre, l’innovation et le développement de nouveaux produits et de nouveaux services, quelque soit le domaine d’activités, doivent donc être également réinventés pour intégrer et maîtriser ces enjeux vitaux (7).
Pour mener à bien ces transformations techniques (cycle de vie, eco-design, bilan carbone (ou plutôt impact énergies fossiles), Global Biodiversity Score, traçabilité, stabilité, innocuité, … ) et socio-économiques (rentabilité, satisfaction des consommateurs, nouveaux systèmes financiers intégrant les risques du changement climatique (8), nouvelles méthodologies comptables intégrant l’impact sur le vivant (9), rétribution équitable des producteurs, égalité hommes femmes, respect des réglementations, relocalisation des emplois, …), les entreprises doivent absolument continuer à imaginer avec enthousiasme de nouvelles solutions (ex : C’est qui le Patron ? (10)), de nouveaux produits, mais en tenant compte systématiquement dès l’idéation de leurs contraintes et de leurs impacts sur les éco-systèmes de notre planète pour que toutes leurs activités deviennent éco-compatibles.

Comme le disait si bien le regretté Bernard Stiegler (7) :

«  Il faut repenser la recherche-développement dans les entreprises en situation de crise, renoncer à simplement optimiser des modèles producteurs de valeur mais ruineux du point de vue holistique, développer des modèles réellement nouveaux, et prendre des risques nouveaux. »

 « Cela suppose de rendre la confiance transversale (…), en mettant en évidence qu’une autre démarche est possible, productrice d’une valeur répondant aux défis de l’ère Anthropocène, et à laquelle les gens vont pouvoir s’identifier. »

Les entreprises et autres organisations ont donc également tout intérêt à adopter une dynamique globale d’adaptation alliant créativité et flexibilité et basée sur le développement d’un système de management valorisant la co-construction d’une vision commune, la coresponsabilité, l’ouverture aux parties prenantes, le partage de connaissances, la coordination des actions et les démarches collectives de création et d’adaptation.

Pour adapter le plus rapidement possible nos activités à la multitude de nouveaux enjeux sociétaux, économiques et environnementaux pouvant vite devenir critiques pour l’avenir de nos entreprises et au-delà même pour l’ensemble du tissu économique de notre pays, un autre élément indispensable est la mise en oeuvre systémique et en open source :

☼ de nouveaux outils numériques de prospective stratégique; ex :
initiative Iris; impacts énergie-climat, OCARA (Operational Climate Adaptation & Resilience Assessment)
Global Climate Initiatives; calcul bilan carbone (impact énergies fossiles), 
Bee Citeo ; Eco-conception des emballages

☼ et des méthodologies éprouvées permettant de développer dans les meilleurs délais des produits distinctifs, certifiés fiables et intègres, répondant parfaitement aux nouvelles évolutions des marchés et des réglementations.

Pleinement consciente de tous ces enjeux et pour rester fidèle à mes convictions, je tiens à faire partie de cet élan de vie, modestement mais résolument, contribuer à cette Bifurcation de notre modèle sociétale que Bernard Stiegler appelait de tous ses voeux, afin de « Sauver le Futur » comme nos enfants nous le réclament si urgemment.

Et vous ? Où en êtes-vous dans vos réflexions, de vos analyses sur cette période charnière ? Etes-vous prêts à devenir également pionniers de cette noble cause ?
Je serais ravie d’en discuter avec vous, dans l’attente de vos commentaires.

On élargit la vie
Nous la rendons plus belle
Pour celles et ceux qui veulent bien la vivre
Nous sommes des pionniers

Article également publié sur Linkedin

Relevons ensemble les défis humains de cette époque en profonde mutation.

« Le chemin du paradoxe est le chemin du vrai. Pour éprouver la Réalité, il faut la voir sur la corde raide. On ne juge bien des Vérités que lorsqu’elles se font acrobates. »  – Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray, 1890)

1) Pourquoi l’Europe risque de manquer de pétrole d’ici à 2030 (travaux du Shift Project)- voir aussi Pour BP, le pic pétrolier (peak oil) c’est maintenant
(2) Impacts du changement climatique sur les phénomènes hydrométéorologiques
(3) La banquise Arctique accélère son déclin
(4) Interview Bernard Stiegler: «L’accélération de l’innovation court-circuite tout ce qui contribue à l’élaboration de la civilisation
(5) Il suffit de 10% des collaborateurs pour changer toute l’entreprise
(6) La société à mission : un fonctionnement spécifique
(7) Bernard Stiegler : comment créer une communauté économique territoriale plus intelligente
(8) Banking imperatives for managing climate risk by McKinsey & Company 
(9) Relance économique : le vivant au cœur des tableaux de bord, par Dorothée Browaeys, TEK4life – L'entreprise contributive
(10) « La Marque du Consommateur / C’est qui le patron » : Equitable, locale, cette marque est dans l’air du temps. Le plus original : ce sont les consommateurs qui définissent le cahier des charges des produits

A lire ou à relire « Ce que je crois » d’Hervé Bazin publié en 1977 et toujours d’actualité :

 « … L’espèce humaine, malade d’avoir « à se mesurer, trop tôt, avec des moyens dont la puissance dénature les fins », est en train de passer son « suprême examen », avant la promotion finale ou la disparition.»

Laisser un commentaire